En
tant qu’étranger, nous tentons, presque instinctivement lorsque nous mettons un
pied sur un territoire à mille lieux de notre propre culture, de découvrir du
mieux que l’on peut chaque recoins cités dans la catégorie must-see des
Routards et autres Lonely Planet, non sans quelques petites arnaques et
péripéties au passage.
Ainsi,
moi, fille pourrie en quête d’aventures inconfortables, ai décidé de troquer
jupette et ombrelle contre basket et photographie sauvage, tu sais, celle où
ton appareil va partager ta sueur, tes chutes, ton insolation, avant de te
faire comprendre qu’il faut pas trop le prendre pour un con non plus, et que tu
vas devoir te démerder sans lui ces douze prochaines heures.
J’ai
subi la hauteur incohérente de ses marches, la méchanceté avec laquelle me
narguait son sommet, le brouillard de pollution qui finit d’anéantir mes
illusions naïves de cliché légendaire.
Et
tu sais, dans ce genre de moment-là, lecteur, où tes nerfs sont fatigués,
chamboulés, il faut abruptement bêtement et simplement… fermer les yeux.
Respirer
(l’air pollué). S’élever, au-delà même de l’endroit (instable) où tes pieds se
tiennent. Savourer cette brise inconnue te susurrer son histoire millénaire…
Respirer.
S’élever. Savourer
Respirer.
S’élever. Savourer.
Puis
rouvrir les yeux. Et là. Waouh. Même tes cloques aux pieds tu les oublies.

Jusqu’à
ce qu’un ~HAHAHA SELFIE TIIIIME~ strident et décomplexé te parvienne du 12e
groupe de Tour Operator que tu croises de la journée ; tu sais, ceux qui
montent vite, redescendent vite, capturent une mise en scène exagérée de chaque
pas et chaque goutte de sueur qui habiteront leurs débardeurs sponsorisés,
avant de les poster sur tous les réseaux sociaux histoire de montrer à leurs
contacts que I did it bitches, back to the shopping mall on Monday, Burger King
au pied de la Big mumu on est posay. Sans être passés par une once du flow plus
ou moins intense que tu viens de vivre.
A
l’instar de la Grande Muraille, le Palais d’été m’a laissé cette impression de perle
brisée; en saisir la beauté et l’énergie qui s’en dégage s’avère être
une tâche ardue. Je sais qu’à l’avenir, je serais fort déçue si
toutes les merveilles d’Histoire et d’architecture que je suis amenée à
découvrir ont ainsi vendu leurs âmes au tourisme de masse.
J’ai
essayé, en symbiose avec 93000 autres touristes, de te saisir la beauté du
truc, parce qu’il faut le dire, c’est vraiment magnifique.
On
vit dans ce monde-là. Où l’on peut facilement passer à côté de nos vies, car on
les regarde via un écran de smartphone. Où l’on peut passer à côté d’un recul
bienveillant sur soi-même, se concentrant sur le fantôme à peine discernable de
ces montagnes qui t’ont, quand même, couté dix milles bons kilomètres de
distance de chez toi.
Bien
sûr, je n’ai rien contre les selfies. J’aime les selfies. Les selfies c’est
cool ! Lors d’un good-hair day, il est presque impératif d’en prendre un.
Mais.
Ne
sommes-nous pas déjà assez esclaves ? Du temps, du travail, des gens, de
la peur qui paralyse nos désirs, de notre propre culture parfois, qui nous
emprisonne…
Notre
mémoire est bien plus douce et subtile que l’espace de stockage de notre téléphone
portable. Elle est plus précieuse encore qu’une collection de clichés stériles.
Alors
je lève la tête, j’ouvre les yeux et j’inspire.''
XOXO
Tellement bien rédigé et tellement vrai. Souvent on s'oublie à vivre à travers un petit rectangle de quelques insignifiants centimètres; on ne savoure qu'à moitié les instants, les decors, la vie. Merci pour ce joli texte et ces clichés. Bonne continuation!!!
RépondreSupprimerJe t'envie tellement pour ce coup! Les photos sont sublimes. Superbe article, bisous
RépondreSupprimerWOW !
RépondreSupprimerSuperbes photos !!
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